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Plonger dans le monde de l'aquaculture et bien plus encore
Scandales médiatiques
Le saumon
La Norvège est le premier producteur mondial de saumons. Cependant, il ne s’agit pas d’une production toute rose. Dans les cages flottantes cachées au fond des fjords, la surpopulation de poissons favorise les épidémies entrainant alors l’utilisation massive d’antibiotiques et de pesticides qui sont directement jetés dans l’eau. Sous les cages, les fonds sont morts, recouverts d’une épaisse couche de nourriture non consommée en décomposition, d’antibiotiques et de pesticides.
Pour éviter que ce genre de problème n’arrive à l’avenir, il est essentiel de recréer un écosystème ou chaque déchet peut être valorisé en ressource comme c’est le cas de l’aquaculture intégrée multi-trophique. Quant aux problèmes de densité trop importante, ils entrainent aussi des taux de mortalités importants qui devraient être prises en compte pour réguler la densité de poisson dans les cages.
De plus, l’utilisation d’antibiotique provoque des phénomènes d’antibio-résistances rendant les traitements de moins en moins efficaces et dont les résidus se retrouvent dans nos assiettes si le délai entre le traitement et l’abattage n’est pas respecté. Ces résidus engendreront les mêmes problèmes de résistance chez l’Homme qui sera moins sensible aux antibiotiques s’il tombe malade.
Le saumon est devenu la nourriture la plus toxique de Norvège, non pas à cause des antibiotiques ou des pesticides mais à cause de leur alimentation. Celle-ci est composée de farines et d’huiles de poissons provenant de la mer Baltique, l’une des mers les plus polluées au monde. En suivant le principe de bioaccumulation (10 kg de nourriture pour 1 kg de chair), les contaminants comme la dioxine et métaux lourds se retrouvent dans la grasse des saumons.
Pour limiter le problème des farines et huiles de poissons, les industries se tournent vers des protéines végétales telles que le colza pour rendre nos poissons végétariens. Or celle-ci rentre directement en concurrence avec l’alimentation des animaux terrestres. Il existe de nombreuses alternatives qui restent à explorer comme les algues, les insectes, … Aujourd’hui, ces alternatives n’existent pas encore, il faut donc continuer à améliorer les formules des aliments pour une meilleure valorisation par l’organisme, moins d’effluents et pour limiter l’augmentation de la pêche minotière.
Les poissons d’élevages sont 2 à 3 fois plus gras que les poissons sauvages car les produits chimiques se stockent dans les graisses. Les pisciculteurs sont donc dans un cercle vicieux : Plus il y a des polluants dans l’alimentation, plus les poissons sont obèses.
Le panga
Un autre poisson que l’on trouve de plus en plus sur les étalages des poissonniers à bas prix est le panga. L’intérêt de ce poisson est qu’il est sans goût, sans odeur ni couleur et qu’il peut être vendu dans n’importe quel pays. C’est ce qu’il fait son succès. Il s’agit de l’un des dix poissons les plus consommés de France. Avec 95 % produit au Viêt Nam, sa production a pour conséquence la surexploitation des hommes et de l’environnement. Le premier problème est la résistance des antibiotiques évoqué précédemment qui se transmet de bassin en bassin. Le second est d’ordre économique. En effet, les coûts de production s’élèvent dans ce pays à 0,81 centimes d’euro/kg alors que les distributeurs leur achètent 0,77 centimes d’euro le kg !
Ce qu'il faut retenir :
L’économie mondiale (les industries agroalimentaires et les investisseurs dans ce cas là) pousse les producteurs à vendre leur produits de plus en plus vite, quelque soit la manière et la qualité finale. Le poisson et son pisciculteur ne sont peut être pas à l’origine de ce type de « crise » mais il s’agirait donc d’un engrenage bien plus vaste qui remettrait en question le fonctionnement de l’économie mondiale.
La seconde remarque nous touche directement : notre pouvoir d’achat. A acheter du poisson à bas prix dans les grandes surfaces, nous encourageons ce type de production non durable à persévérer. Nous devons prendre conscience de ce pouvoir et l’utiliser à bon escient. C’est grâce à lui que nous pourrons faire changer le monde. Par exemple, acheter des produits locaux permet de maintenir des emplois, de réduire le bilan carbone, de créer du lien en se rapprochant des producteurs et l’histoire de ses produits. Malheureusement, c’est encore un sujet dont la grande majorité des consommateurs ignorent.